” The voices you left behind will sound and swing forever here … Be Blessed my friend.”
Tout feu tout jazzJAZZIN’ N JAMMIN With Lions, c’est le concert du mois qui a d’abord proposé aux formations de jazz, aux talents prometteurs et confirmés de nouveaux terrains de jeux. L’idée était ensuite d’offrir un jazz généreux, altruiste, ouvert sur le blues, le gospel, le R&B. Comment cela se traduit-il musicalement et sur le plan vocal ? Dean Nookadu, pianiste subtil doté d’un toucher précis à travers un swing dansant, s’est révélé un accompagnateur qui sait choisir les accords et anticiper les attentes avec Blues marlin et Tantrum.
Puissance, intensité basse et lyrisme : tout l’art d’Ernest Wiehe (saxo), Philippe Thomas (trompette), Patrick Desvaux (guitare) réside dans cet équilibre entre rigueur et épanchement. Dans cette généreuse fusion expérimentale entre jazz et d’autres genres, tout le monde joue et chante à son plus haut niveau. Autour d’une formation tout en intelligence harmoniques et rythmiques (difficile de prendre en défaut la tessiture exceptionnelle d’un Eric Triton qui lui permet d’évoluer dans un registre d’une rare amplitude – L’inité, Pa pou mort kouyon, Swing), virevoltent les jeunes Lynn et Yann Erasmus, Yannick Marie. Saluons la vocaliste sud- africaine, May Lynn Parley.
Après avoir entamé un air d’opera connu, Summertime de Gershwin, la chanteuse lyrique Véronique Zuël-Bungaroo s’est improvisée chanteuse du swing et a créé la surprise. Dans son répertoire : Someone to watch over me et Every time we say good bye de Cole Porter et Can’t help loving’ that man, musique de Jerome Kern. Son exceptionnelle technique vocale (ça côute beaucoup pour construire une voix, dit-elle, souvent) et sa sensibilité lui ont permis de sublimer les chansons et de les porter au plus profond de l’émotion, y insufflant de l’audace et de la beauté.
Ce concert, organisé par le Lions Club de Pamplemousses au Conservatoire François Mitterrand samedi dernier, aura permis de lever des fonds pour lutter contre la toxicomanie et la pauvretéis: Week End Newspaper-29 march 2009 Source:http://www.lemauricien.org/weekend/in090329.htm
Tous mûrs pour le jazz
Quand le public s’est mis à frapper dans les mains en cadence où lorsqu’il s’est levé pour applaudir, samedi soir au premier “Jazz n jammin with Lions”, c’était un mouvement spontané qui s’élevait dans l’élan de la musique. Équilibré, varié, de haut niveau, original, mêlant les espoirs et les pointures, ce concert était une réussite sur toute la ligne, donné devant une salle comble et enthousiaste.
Joué à guichet fermé, le concert “Jazz n jammin with Lions” ne demande qu’à être renouvelé et l’enthousiasme marqué des spectateurs pour un répertoire où les grands standards avaient la part belle, montre que le public a une grande soif à étancher, une soif de jazz, une soif de concerts de qualité où les talents musicaux du pays seraient mis en valeur pour leur public le plus familier. La recette de ce cocnert organisé par la Lions club de Pamplemousses ira à l’équipement d’un atelier du Centre d’Accueil de Terre Rouge (CATR) qui œuvre à la réinsertion des anciens toxicomanes. Elle permettra également de lutter contre la pauvreté en offrant des pondeuses à des familles.
Si le Lions Club entend proposer ce rendez-vous une fois par an, l’évidence demeure que ce type de rencontre devrait avoir lieu bien plus souvent, sans doute aussi de manière plus informelle dans des lieux conviviaux où les Mauriciens pourraient se retrouver pour le plaisir de recharger les batteries grâce aux vertus réparatrices du jazz ou du blues. Il fut une époque où cela se faisait avec succès dans quelques clubs tels que l’ex-La Plantation à Vacoas ou le Tom Cat’s à Grand-Baie. À voir la communion exceptionnelle entre les musiciens et le public de samedi soir, on se demande comment survivre ensuite pendant des mois avant de pouvoir revivre une pareille expérience !
Une vingtaine de morceaux ont été interprétés portant chacun leurs moments de virtuosité, ou leurs surprises grâce à la découverte de nouvelles voix ou l’alliance inattendue du lyrique et de la musique du nouveau monde. Avec la voix d’alto d’Adeline Forget, celle particulièrement basse du jeune Yannick Marie et celle d’Éric Triton, la première partie a montré en quelque sorte sa face yang, avant que la féminité et le yin ne prennent la relève en deuxième partie.
Les voix à la fête
Chacune s’est ouverte sur un morceau instrumental – les seuls – de Dean Nookadu. Composé il y a vingt ans pour le jeune bassiste bourré d’audace Linley Marthe, Blues Marlin était idéale pour introduire Patrick Desvaux avec le trio du pianiste. Parfois, les échanges entre la basse et le piano de Dean pouvaient presque faire penser au rock progressif de Genesis. Tantrum a ouvert la deuxième partie d’une façon relativement cool pour un morceau censé exprimer la colère. L’attaque en est puissante et nette, tandis que les phrases musicales semblent ensuite s’enchaîner par ruptures et contrastes entre moments de tension et de détente. Ce morceau valorise chaque instrument en laissant l’espace pour plusieurs solos, tout autant que le jeu d’ensemble.
Adeline Forget a fait un retour sur scène décontracté, ne forçant à aucun moment la voix et chantant son Nobody knows ou Lullaby of birdland avec beaucoup de naturel et un plaisir évident. De sa jolie voix grave, le jeune Yannick Marie a ensuite susurré un Ain’t no sunshine impressionnant, avant qu’Éric Triton ne prennent la relève dans ses propres compositions. C’est un bluesman totalement hilare, qu’on a vu écouter les improvisations que lui ont offert ses amis Ernest, Philippe, Dean, Gérard et Patrick sur Mari nissa swing : un grand moment de partage qui a fait se lever la salle dans un enthousiasme totalement débridé.
La deuxième partie a été marquée par un Fever aussi hot que personnel de la jeune chanteuse sud-africaine May Lynn Parley. Formée à l’école du gospel, la jeune fille a non seulement le feeling mais une personnalité nuancée, un timbre original et un véritable talent à chauffer la salle à la manière des divas du gospel comme elle l’a parfaitement démontré en écho à tous les chanteurs, lors du final consacré à Happy days. Lynn Erasmus a au-delà de sa voix une très agréable présence sur scène tandis que son frère Yann dispose d’une belle voix prometteuse. Mais celle qui était attendue à ce stade du concert était notre diva mauricienne qui a donné une interprétation de grands standards du jazz avec une sensualité explosive. Elle a commencé avec le plus classique des compositeurs, Gerschwin, par Summertime. On pouvait entendre les mouches voler dans la salle sur l’ouverture particulièrement aiguë seulement accompagnée au piano, amenant une bien intrigante interprétation. L’accent lyrique exacerbe encore davantage les contrastes, donne de la gravité et peut-être même une puissance émotionnelle accrue au jazz. Magnifique expérience à renouveler !
Dominique Bellier -Le Mauricien 25 march 2009